quarta-feira, 30 de agosto de 2006


Naguib Mahfouz [1911-2006]

"La mort! La mort, quand j'ai perdu mon père, je ne m'y faisais pas. Maintenant, je la regarde comme une partie intégrante de la vie. Je l'ai acceptée et je peux même dire que je me suis réconcilié avec elle en tant que réalité. Bien plus, si l'on avait proposé à l'homme de vivre éternellement, je l'aurais, quant à moi, refusé, car l'éternité est insupportable"

"En vérité, j'ai toute une histoire avec le roman policier (...) Le roman policier est en vérité une forme très séduisante, à tel point qu'il suffit de se rappeler que le roman d'avant-garde, ce qu'on désigne par «anti-roman» ou «a-roman» a eu recours à la forme policière pour alléger son hermétisme ..."

"Dire que la littérature est un jeu avec les mots est une idée avec laquelle je ne suis pas tout à fait d'accord. La littérature est une quête de mots, une quête du mot juste pour exprimer ce qu'imagine ou ce que sent l'auteur. Et comme toute quête, elle s'accompagne de douleur. Mais une fois le but atteint, on sent une grande joie.

C'est donc une opération qui comporte jouissance et douleur en même temps. Les motivations profondes de cette quête, sa pratique, sa prise de possession de tout l'être de l'écrivain, c'est tout cela qui fait qu'il persévère, malgré toutes les épreuves, jusqu'aux ultimes limites de ces forces. Il n'y a ni jeu avec les mots, ni manipulation des mots. C'est une quête ... Une quête du mot juste"

"Quant au rôle des intellectuels, je crois qu'ils doivent être le porte-parole de la pensée éclairé, de la modernité et des valeurs supérieures. Ils ont à les propager, chacun selon ses moyens. L'écrivain avec sa plume, le journaliste avec sa voix, le militant politique à travers les partis et les syndicats ... Toute voie consolidant l'humanisme doit être utilisée. C'est en cela que réside l'espoir"

[in Entretien inédit avec Naguib Mahfouz, par Rachid Sabbaghi]